mercredi 2 juillet 2008

Affaire Borrel: ces documents qui gênent Chirac



Jacques Chirac aurait aidé le chef de l'Etat djiboutien Ismaël Omar Guelleh à éluder sa responsabilité dans la mort du juge Borrel, magistrat français assassiné en 1995. Les avocats de sa veuve demandent des éclaircissements au nouveau président Nicolas Sarkozy.
Des documents saisis au Quai d'Orsay suggèrent un soutien du président Chirac à son homologue de Djibouti pour accéder au dossier du juge Borrel, où des responsables djiboutiens sont mis en cause. C'est ce que révéle ce matin le quotidien Libération, qui titre "Chirac a aidé Djibouti aux dépens de la justice".
Le 17 mai 2005, Jacques Chirac reçoit à l'Elysée le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, dit "IOG". Une entrevue préparée durant laquelle l'affaire Bernard Borrel, ce magistrat français assassiné en 1995 à Djibouti, est longuement abordée. A cette époque, l'enquête judiciaire ouverte à Paris commence à se rapprocher de la présidence djiboutienne. Le président Guelleh demande alors à consulter le dossier d'enquête français, et se heurte au refus de la juge d'instruction en charge de l'enquête Sophie Clément.
Chirac suggère un dépôt de plainte...contre la FranceUne note de l'ambassadeur de France à Djibouti montre que c'est l'Etat français qui a le premier suggéré à Djibouti d'attaquer la France en justice, afin de faire plier la juge. Une information démentie par l'entourage de l'ancien président Chirac, qui "ne souhaite pas commenter des documents dont il n'a pas connaissance".
Huit mois après l'entretien à l'Elysée, Djibouti dépose une plainte contre la France devant la Cour internationale de Justice (CIJ). Il est reproché à la France une violation d'une convention bilatérale d'entraide judiciaire en matière pénale de septembre 1986. Le quotidien Libération affirme que la plainte était censée "obliger la justice française à transmettre le dossier " à IOG, et ainsi "mettre à néant" les convocations dans le bureau de la juge Clément des hauts représentants djiboutiens, "dont celle du procureur général et...la sienne" [celle d'Ismaël Omar Guelleh, ndlr]
Un certain "étouffement"
Djibouti saisira finalement la CIJ le 12 janvier 2006 pour ces motifs. Le 18 avril, la direction des affaires juridiques au ministère des Affaires étrangères, consciente des risques encourus par la France à accepter une procédure internationale, réclame "une réunion entre les ministres intéressés" et "le Premier ministre". Sans résultat : la France accepte le 26 juillet 2006 l'autorité de la Cour internationale de justice - signifiant une certain "étouffement" des responsabilités dégagées dans cette affaire Borrel.
Demain les avocats de la veuve du magistrat français assassiné organisent une conférence de presse. Ils en appelleront au nouveau président français pour déterminer qui a tué Bernard Borrel, et pourquoi.

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